En 2021, tout le monde ne parlait que d’eux. Les NFTs, ces certificats numériques censés prouver la propriété d’images, de vidéos ou d’objets virtuels faisaient la une des journaux.
Un JPEG de singe s’est vendu 3 millions de dollars. Un simple mème internet a trouvé preneur pour plusieurs centaines de milliers. Les réseaux sociaux débordaient de “nouveaux riches” expliquant que c’était l’avenir de l’art et de l’investissement.
Je me souviens que de nombreuses fois, des fans m'ont expliqué à quel point les NFTs étaient géniaux et comment ça marchait. Pour être franc, je n'ai jamais compris comment ça marchait et surtout je n'y voyais absolument aucun intérêt. Dieu merci, je suis resté à l'écart de tout ça.
Résultat ? Deux ans plus tard, 95 % de ces NFTs ne valent plus rien.
Bienvenue dans l’une des plus grosses bulles spéculatives de la décennie.
Les débuts : une idée technique, pas un marché
Le concept de NFT (Non-Fungible Token) naît autour de 2014-2015 avec des projets expérimentaux comme Colored Coins et CryptoPunks.
À l’époque, l’idée est simple : utiliser la blockchain (principalement Ethereum) pour certifier la propriété d’un actif numérique unique. Pas question de millions de dollars — juste de la techno geek et quelques collectionneurs curieux.
Puis arrivent les CryptoKitties en 2017, des chats virtuels à collectionner. Succès modéré mais coup de projecteur : pour la première fois, la blockchain sature à cause d’un jeu. Les NFTs sortent de l’ombre mais restent encore une niche.
Il faut croire qu'il y a un lien entre les dessins d'animaux moches et les NFT...
L’explosion : 2021, l’année de la folie
Tout change début 2021.
- Les confinements COVID ont boosté le temps passé en ligne.
- Les cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum) explosent, créant des fortunes rapides.
- Les plateformes NFT comme OpenSea deviennent accessibles à tous.
Puis viennent les ventes records :
- Beeple vend son œuvre numérique “Everydays: The First 5000 Days” chez Christie’s pour 69 millions USD.
- Les Bored Ape Yacht Club deviennent un club privé virtuel où des célébrités s’affichent.
- Des stars comme Snoop Dogg, Eminem, Steph Curry, Neymar ou Paris Hilton font la promotion de leurs NFTs, souvent en changeant leur photo de profil sur Twitter.
Les prix montent non pas parce que les œuvres ont une utilité ou un revenu, mais parce que tout le monde pense pouvoir revendre plus cher à la prochaine personne.
C’est la définition même de la spéculation.
La chute : de la hype au silence
Comme dans toute bulle, l’atterrissage est brutal.
Fin 2022 :
- Les cryptomonnaies chutent (Ethereum perd plus de 70 % de sa valeur).
- L’intérêt médiatique s’effondre.
- Les reventes stagnent : impossible de trouver un acheteur.
Une étude de dappGambl montre que 95 % des NFTs sont désormais invendables.
Les “investisseurs” qui avaient mis 10’000 CHF dans un JPEG se retrouvent avec un fichier qui ne vaut même pas l’impression papier.
Même les stars se font discrètes : Eminem et Snoop Dogg n’affichent plus leurs Bored Apes, et Paris Hilton évite le sujet.
La plupart des “communautés” NFT, autrefois hyperactives, sont devenues des groupes Telegram fantômes.
Ce graphique montre comment le grand public a vite perdu de l'intérêt et a oublié le sujet.
Spéculer n’est pas investir
Un investisseur place son argent dans un actif qui génère un rendement : loyers, dividendes, intérêts.
Un spéculateur mise sur l’appréciation rapide du prix d’un actif, souvent sans revenu en attendant.
Exemple simple :
- Investir : acheter un immeuble de rendement qui rapporte 6 % par an de loyers, tout en prenant de la valeur à long terme.
- Spéculer : acheter un NFT en espérant qu’un autre l’achète plus cher, sans aucun revenu intermédiaire.
La différence est cruciale : avec un vrai investissement, votre argent travaille pour vous. Avec la spéculation, il dort en espérant un miracle.
Pourquoi les NFTs étaient condamnés à éclater
1. Aucune barrière à l’entrée : n’importe qui pouvait “minter” un NFT, saturant l’offre.
2. Pas de revenu passif : contrairement à un appartement qui génère un loyer, un NFT ne vous paye rien tant que vous ne le revendez pas.
3. Valeur subjective : la “rareté” d’une image numérique est artificielle, elle peut être copiée à l’infini.
4. Effet de mode : tout le monde en parlait jusqu’à ce que tout le monde passe à autre chose.
5. Absence de fondamentaux : aucun indicateur mesurable comme la rentabilité, le taux d’occupation ou les flux de trésorerie.
Les leçons pour les investisseurs
Cette bulle n’est pas un cas isolé. On a vu la même chose avec les tulipes au XVIIe siècle, les dot-com dans les années 2000, ou certaines cryptos sans utilité.
La différence, c’est que les NFTs ont explosé en quelques mois, laissant peu de temps aux retardataires pour se rendre compte du piège.
Voici ce qu’il faut retenir :
- Ne courez pas après les tendances : si tout le monde achète, vous arrivez probablement trop tard.
- Cherchez des actifs productifs : un bon investissement rapporte même si le prix ne monte pas.
- Analysez la valeur réelle : l’actif génère-t-il du cash ? Protège-t-il contre l’inflation ?
- Méfiance envers les promesses vagues : “C’est le futur” n’est pas un argument.
Pourquoi l’immobilier est l’anti-NFT
Contrairement aux images numériques, l’immobilier :
- Produit un revenu prévisible (loyers)
- Est tangible et ne peut pas être “copié”
- Offre une protection contre l’inflation
- Permet un effet de levier (crédit) que vos locataires remboursent pour vous
En Suisse, un immeuble de rendement bien situé rapporte 5 à 7 % net par an, avec une appréciation historique de 2 % par an.
Et surtout, même en période de crise, les gens auront toujours besoin d’un toit. Essayez de dire ça d’un JPEG de singe.
Conclusion : le piège de l’argent facile
La bulle des NFTs a rappelé une vérité éternelle : plus une opportunité semble promettre un enrichissement rapide et facile, plus elle est risquée.
La spéculation peut être excitante mais c’est un jeu, pas une stratégie de liberté financière.
Si votre objectif est de construire un patrimoine durable, misez sur des actifs qui paient pendant que vous dormez.
Et aujourd’hui, peu d’actifs rivalisent avec l’immobilier de rendement pour offrir cette sécurité.
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